Conteur et voyageur, Patrick Corillon est parti à la rencontre des bateliers de Thuin, ces hommes et ces femmes qui, tout naturellement, suivent le cours d’un itinéraire familial. Dans de nombreux foyers de la cité sambrienne, l’on naît et meurt batelier, point de départ et d’arrivée d’une existence scandée par la vie du bateau, non loin des chantiers navals et du quartier du Rivage, là où de nombreuses maisons gardent la mémoire d’une vocation, plus que d’une profession.
Homme de mots, Patrick Corillon n’est nullement historien. Chez lui, histoire s’écrit avec un « h » minuscule et prend volontiers un « s », tant la narration se veut plurielle, prenant la forme de chansons que les bateliers de Thuin auraient pu écrire ou fredonner. Le terrain d’expression de l’artiste est la rivière, son terreau de prédilection, les états d’âme et l’imaginaire, cette fabrique d’images que nous portons toutes et tous en nous, batelières et bateliers, gens d’à-bord et gens d’à-terre.
Bercées par le cours de l’eau ou inspirées par les rêves des bateliers, les Chansons de halage de Patrick Corillon épousent les berges de la Sambre, à hauteur de la halte nautique. De halte, il en est justement question lorsque l’on navigue au rythme des mots. Patrick Corillon nous emmène dans des ports auxquels jamais nous n’aurions accosté, emportés « par les flots cadencés de la rivière », portés par le courant de dix chansons sur lequel il est bon de dériver.